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Travailleurs étrangers temporaires : Ottawa sévit contre un McDonald's de Victoria

Date

2014-05-07

Authors

Eugénie Depatie-Pelletier

Abstract

À la suite d'allégations rapportées par CBC, le gouvernement fédéral suspend des privilèges qui permettaient à une franchise du géant McDonald's d'embaucher des travailleurs étrangers temporaires. La chaîne de restauration rapide annonce aussi s'être distancée de la franchise en question.

Full text

Dans une déclaration transmise tard dimanche, le ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Jason Kenney, annonce avoir sévi contre le restaurant McDonalds de l'avenue Pandora, à Victoria, en attendant le résultat d'une enquête.

« Dans les 24 heures après avoir été informés de ces allégations, des inspecteurs de mon ministère ont procédé à une inspection de l'emplacement à Victoria et j'ai suspendu tous les avis relatifs au marché du travail et les permis de travail en traitement pour cette franchise [...] », a expliqué le ministre.

Les avis relatifs au marché du travail (AMT) sont des analyses que les employeurs demandent auprès du gouvernement quand ils veulent faire venir des travailleurs étrangers temporaires. Pour que le gouvernement autorise l'embauche, les analyses doivent montrer qu'il n'y a pas de Canadiens qualifiés pour les postes offerts ou souhaitant faire le travail. Quand cela est le cas, le gouvernement donne alors une AMT favorable, qui permet aux employeurs d'obtenir des permis de travail pour les étrangers qu'ils veulent embaucher.

« Les avis relatifs au marché du travail et les permis de travail ont été suspendus étant donné que j'ai des motifs raisonnables de croire que cet employeur a fourni à Emploi et Développement social Canada des renseignements faux, trompeurs ou erronés », poursuit le ministre.

McDonald's a aussi déclaré dimanche qu'elle avait immédiatement lancé une enquête après avoir eu vent des allégations. « Nous mettons actuellement fin à notre relation avec cette franchise », a promis la compagnie. « De plus, McDonald's Canada entreprendra immédiatement un examen global de tous ses restaurants franchisés, pour s'assurer qu'ils s'alignent avec ce qu'exige Service Canada dans le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) », a-t-elle aussi ajouté.

Plaintes d'un employé et d'un chercheur d'emploi

L'enquête a débuté après que Kalen Christ, un chef d'équipe depuis quatre ans au McDonald's en question, eut dit à l'équipe Go Public de CBC que la franchise faisait venir des travailleurs philippins, tout en coupant dans les heures de travail des employés locaux et en refusant des dizaines de demandes d'emploi provenant de Canadiens apparemment qualifiés.

McDonald's confirme que trois franchises de Victoria détenues par les mêmes propriétaires, Glen et Bobi Bishop, retiennent déjà les services de 26 travailleurs étrangers temporaires. Selon Kalen Christ, 11 travaillent dans la succursale de l'avenue Pandora et 7 d'entre eux sont arrivés dans les dernières semaines.

Tim Turcot, un jeune homme de 21 ans qui habite à Victoria, raconte avoir postulé à cette succursale, mais ne pas avoir été embauché malgré ses quatre années d'expérience en restauration. « Je leur ai dit que j'étais disponible 24 heures sur 24 et je n'ai tout de même pas été retenu », se désole-t-il.

Le ministre veut en savoir plus

Les règles du PTÉT stipulent clairement que les employeurs ne peuvent embaucher des étrangers s'il existe des Canadiens qualifiés et souhaitant faire le travail.

« Si les plaintes sont fondées, je me ferai un plaisir de placer la compagnie sur une liste noire, afin qu'elle ne puisse plus faire demande en vertu du programme à l'avenir. »
— Jason Kenney, ministre de l'Emploi et du Développement social du Canada
Le ministre Kenney supervise le resserrement des règles du PTÉT. Les entreprises qui enfreignent les règles risquent d'être interdites d'accès au programme et s'exposeront, bientôt, à des amendes salées. Le ministère veut maintenant en savoir plus au sujet de tout employé ou candidat touché par les pratiques de McDonald's. « Si nous entendons parler de cas comme celui-là, nous ne le tolérerons pas, avait promis M. Kenney. Les entreprises seront mises sur la liste noire, et dès que les amendes entreront en vigueur, nous punirons sévèrement. »

« Rien à cacher »

Le franchisé Glen Bishop a refusé de discuter des plaintes avec Go Public, disant simplement qu'il n'avait « rien à cacher ». M. Christ clame justement que son employeur agit « juste sous le nez » des employés.

Des feuilles de temps récentes obtenues par Go Public montrent que les travailleurs étrangers ont constamment travaillé deux fois plus d'heures, en moyenne, que leurs collègues canadiens. M. Christ se souvient de s'être plaint quand ses heures sont passées de 40 à 36, puis à 32 par semaine. Un gérant lui a répondu que les étrangers doivent travailler à temps plein, car cela fait partie de leur contrat, ce qu'a confirmé McDonald's.

« Tout le monde dans notre franchise s'en plaint. C'en est devenu une blague : bientôt, nous devrons apprendre leur langue si nous voulons travailler. »
— Kalen Christ, chef d'équipe chez McDonald's
Selon M. Christ, un gérant lui a dit que les heures de travail allaient aux Philippins parce que ceux-ci, redevables à McDonald's pour les avoir fait venir au Canada, travaillent mieux. « On m'a dit qu'ils étaient plus fiables parce qu'ils n'étaient jamais en retard et travaillaient plus forts », expose l'employé. « Ils travaillent fort en effet, je ne peux pas le nier. »

Pas une question de salaire

Fait à noter : plusieurs travailleurs philippins du restaurant de l'avenue Pandora sont mieux payés que leurs collègues locaux. McDonald's fait valoir que certains étrangers bénéficient d'une catégorie d'emploi supérieure - superviseurs du service alimentaire - rémunérée à 12,36 $ l'heure. Nombre d'employés locaux sont plutôt des préposés au comptoir, payés 10,25 $ l'heure.

L'avocat en immigration vancouvérois Alex Stojicevic mentionne que les travailleurs étrangers temporaires qui ont une catégorie d'emploi plus élevée ont de meilleures chances d'obtenir la résidence permanente au Canada, ce que peuvent faire valoir les employeurs pour les attirer.

McDonald's Canada stipule que le recrutement, l'embauche et la gestion du personnel sont gérés par les franchises. Son porte-parole John Gibson souligne aussi que dans le cas de la franchise de l'avenue Pandora, les travailleurs philippins qui ont commencé en 2014 ont été embauchés il y a des mois.

« Chez McDonald's Canada, l'objectif dans chacun de nos 1400 franchises et restaurants indépendants est toujours d'embaucher des employés locaux d'abord », martèle le porte-parole. « Nos franchisés et nous menons notre recrutement international en suivant toutes les obligations réglementaires et légales établies par le gouvernement du Canada. »

La chaîne de restauration rapide dit avoir 3 400 employés temporaires étrangers à l'échelle du pays, sur un total de 85 000 employés à temps plein ou partiel.

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