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La vraie valeur de votre salade jardinière

Date

2012-06-06

Authors

Tery-Tanya Espin

Newspaper title

Le Collectif vol XXXV, no 17

Publisher

Université de Sherbrooke

Full text

Comme vous avez pu le lire sur le site web du Collectif, l’événement «As-tu mangé? Remercie un travailleur», organisé par les étudiants de la maîtrise en médiation interculturelle, se tenait jeudi le 24 mai à l’Agora du Carrefour de l’information. Ce ciné-débat, animé par plusieurs spécialistes du sujet, présentait la difficile réalité des travailleurs saisonniers temporaires qui viennent travailler dans des serres au Canada plusieurs mois par année. Afin de faire connaître la cause, j’ai obtenu une entrevue avec la coordonnatrice, Linamar Campos.
Tery-Tanya Espin
Le sujet est plutôt complexe, car il touche non seulement les travailleurs saisonniers temporaires, mais aussi les droits des travailleurs locaux, les syndicats, les droits de la personne, les employeurs, les barrières interculturelles, etc. La présentation, commencée avec la diffusion du documentaire El Contrato et suivie des présentations des spécialistes selon leur champ de spécialisation, était très percutante.
«As-tu mangé? Remercie un travailleur» est un titre traduit littéralement de l’anglais «Did you eat today? Thank a farmer», un événement organisé par les étudiants de l’Université de Duke en Caroline du Nord qui ont mis sur pied, en 1992, un organisme appelé Student Action with Farmworkers (SAF — Action des étudiants avec les ouvriers agricoles en français) dont vous pouvez consulter le site pour plus d’informations (http://saf-unite.org). Madame Campos a contacté les responsables de cet organisme afin de pouvoir reproduire l’événement ici même, à l’Université de Sherbrooke.
Trois points ont amené les étudiants de la maîtrise en médiation interculturelle à organiser cet événement, selon Mme Campos: premièrement, sans les travailleurs du domaine de l’agriculture, nous n’aurions pas autant de nourriture et de variété de nourriture dans nos assiettes. Ils font un travail difficile dans un pays qui n’est pas le leur, loin de leur famille pendant des mois, et risquent leur santé pour que nous ayons des aliments frais dans nos assiettes. Aussi, selon elle, il est important d’en prendre conscience et de remercier les travailleurs.
Deuxièmement, un avis juridique a été émis par la Commission des droits de la personne et de la jeunesse demandant au gouvernement du Québec de se pencher sur la discrimination faite aux travailleurs étrangers: les droits de la personne des travailleurs seraient violés. Il ne faut pas minimiser l’importance de ce document et surtout ne pas l’oublier.
Finalement, le fait d’informer la population sur ces causes permet de créer des ponts de communication qui vont au-delà des barrières construites de préjugés et de méconnaissances de l’autre: voilà le véritable travail que feront les étudiants en médiation interculturelle.
Étant elle-même d’origine mexicaine, Linamar Campos se dit particulièrement touchée par la cause des Mexicains à cause de son lien avec le pays des travailleurs, mais aussi parce qu’elle-même a travaillé avec le ministère de la Pêche au Mexique et qu’elle connaît bien la vie difficile de ces travailleurs. Par contre, elle souligne que le problème ne touche pas seulement les Mexicains, mais tous les travailleurs étrangers, dont les aides-domestiques philippines, entre autres. En tout, ils sont près de 9 000 000 de travailleurs étrangers à travers le monde.
Le but de faire un ciné-débat au lieu d’une conférence ou d’un colloque était de permettre l’accessibilité à l’information pour tous les types de personnes. Selon Mme Campos, les conférences données par des spécialistes sont souvent données dans un jargon professionnel difficile à comprendre pour un auditoire non spécialisé qui vient pour l’information. La vocalisation de l’information par les gens du documentaire était plus concrète et simple à comprendre comparativement à des tableaux compliqués de chiffres et de statistiques. Ce format de présentation allégeait aussi le sujet plutôt lourd.
La brochette variée d’invités a bien permis d’exposer les différentes sphères de la problématique, selon Mme Campos: une contextualisation, un point de vue juridique, la validité de la pertinence de la syndicalisation pour les travailleurs étrangers temporaires, les organismes qui sont dans l’action directe: tout y était pour un point de vue global de la cause.
Les objectifs principaux de l’événement étaient de créer un pont entre les différents chercheurs qui travaillent sur ce sujet. Des liens interuniversitaires se sont créés, permettant de voir la situation des travailleurs étrangers temporaires avec un autre point de vue. Les chercheurs universitaires échangent peut-être trop rarement avec d’autres chercheurs d’autres universités qui se spécialisent dans un même domaine, mais selon différents champs de compétences. Cet événement a permis à certains spécialistes de différents endroits d’échanger sur un même sujet.
Finalement, si on veut poser des actions pour aider la cause des travailleurs étrangers, il suffit de s’informer sur notre consommation. D’où vient la tomate que je vais mettre dans ma salade? Qui a cueilli les fraises avec lesquelles je garnis mon gâteau? Quelle ferme produit ces concombres que je tranche en rondelles? Bref, il faut lire les petits codes sur les autocollants qu’on retrouve sur les aliments (fruits et légumes) et les comprendre. Il faut s’informer, demander, parler. On ne veut pas consommer des OGM ou des pesticides. La monoculture, cette même patate qu’on refait pousser en milliers d’exemplaires, ce n’est pas naturel. Les conditions des travailleurs étrangers ne peuvent qu’en être améliorées. Il faut agir en tant que citoyens, car trop souvent, quand «l’autre» est dans notre pays, il n’est pas considéré comme une personne, comme un voisin: c’est un étranger, ce n’est qu’un travailleur, alors que ces gens ne sont pas des robots ou des machines, ce sont des personnes avec des qualités de personnes, des valeurs, des sentiments, des rêves. «Toi, c’est moi, moi, c’est toi», comme dit Mme Campos.

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