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Main-d'oeuvre bon marché, clandestine et sans ressources

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Date

2008-09-17

Authors

Philippe Beauchemin

Newspaper title

Montréal Express

Page numbers

2

Place published

Montreal

Full text

Susie vient d’Éthiopie. Elle est arrivée au Canada en 2004 avec son employeur qui s’est occupé d’obtenir les documents officiels dont elle avait besoin, mais il ne les lui a jamais remis. Elle travaille sans être payée de longues heures. Elle dort dans le garage. Elle ne parle ni français l’anglais. Son employeur la menace, lui dit qu’il la dénoncerait aux autorités, car elle n’a pas le droit de travailler avec un visa visiteur.

Le scénario est souvent le même pour les femmes qui arrivent ici avec un visa de touriste, diplomatique ou avec un permis de travailleur et qui sont, finalement, victimes d’esclavagisme ou de traite. Dès leur arrivée à Montréal, elles sont à la merci d'employeurs qui désirent une main-d’œuvre bon marché, clandestine et exclue des lois du travail. Elles sont donc maintenues dans la terreur, subissent des menaces de déportation et se font confisquer leurs papiers d'identité. Elles sont isolées, parfois séquestrées. Elles travaillent de 15 à 20 heures par jour. Plusieurs ne reçoivent aucun salaire ou très peu et subissent des abus et de la violence.

De plus, il n’est pas rare que des agences de placement ou des consultants en immigration leur réclament entre 2000 $ et 5000 $ pour les aider à se trouver un emploi, comme l’explique Farida Osmani, coordonnatrice à l’Association des aides familiales du Québec: « Même si elles arrivent ici dans le cadre du Programme des aides familiaux résidants (PAFR) offert par le gouvernement canadien, cela ne veut pas dire qu’elles ne seront pas exploitées et utilisées par leur employeur, tout simplement parce qu’il n’y a pas de suivi fait dans les dossiers des aides familiales. »

Elles sont donc laissées à elles-mêmes et à la merci d’abuseurs potentiels. « Et il y en a partout, à tous les niveaux, laisse savoir Mme Osmani. Ce peut être l’employeur de l’aide familiale, l’agence de placement ou même le consultant en immigration. Il faut tout changer le processus. Malheureusement, on a plutôt l’impression de frapper un mur, surtout quand on parle avec le gouvernement canadien. »

L’affaire Melca Salvador
Initiative de Citoyenneté et Immigration Canada, le PAFR permet aux travailleuses étrangères d'entrer au Canada comme aides familiales vivant chez leurs employeurs. Après avoir complété 24 mois de travail durant les trois années suivant leur arrivée, les travailleurs domestiques peuvent alors faire une demande d'immigration. Cependant, les cas d’abus et de mauvais traitements existent aussi pour les femmes inscrites à ce programme.

Il y a quelques mois, les problèmes d’une aide familiale avaient fait les manchettes. Melca Salvador, alors travailleuse domestique, devait quitter le pays sous ordre du gouvernement canadien. Son crime: avoir donné naissance à un garçon en territoire canadien, alors qu’elle était d’origine philippine et qu’elle bénéficiait du PAFR pour travailler à Montréal et au Canada.

Tout comme Mme Salvador, qui qualifie le programme du gouvernement canadien de « sexiste et raciste », la coordonnatrice de l’AAFQ se questionne sur la validité et l’existence même du programme. « Il y a des gens qui abusent de la situation actuelle. Même avec le programme d'AFR, les demandeurs doivent souvent payer des frais à leur propre gouvernement, aux gouvernements du Canada, à l'agence d'emploi, ainsi que les frais de déplacement, tout en cotisant à l’assurance maladie. Et en retour, ces femmes n’ont aucun recours possible, ne sont pas protégées physiquement, socialement et monétairement. J’ai parfois l’impression qu’on traite mieux les animaux que les aides familiales. »

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  • Montréal Express (http://www.montrealexpress.ca/Affaires/Emploi/2008-09-17/article-1540643/Main-d%26rsquo%3B%26oelig%3Buvre-bon-marche%2C-clandestine-et-sans-ressource/1)

Keywords

domestique

Economic sectors

Occupations in services - Domestic work

Content types

Documented cases of abuse and Current Policy

Geographical focuses

Quebec

Languages

French