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Michelle Courchesne au Devoir - Le gouvernement ne donnera pas l'immigration en sous-traitance

Fecha

2003

Autores

Kathleen Lévesque

Titular

Le Devoir

Texto completo

Il est hors de question que le gouvernement du Québec sous-traite le recrutement à l'étranger de candidats à l'immigration, a affirmé hier Michelle Courchesne, ministre des Relations avec les citoyens et de l'Immigration.

«La sélection demeure la prérogative exclusive du gouvernement. On ne changera pas ça. [...] On ne sous-traite pas. On fait du partenariat. On fait de la collaboration active», a soutenu au Devoir Mme Courchesne, qui déposera sous peu un plan d'action en matière d'immigration et qui portera une attention particulière au recrutement à l'étranger.

Or le projet de protocole d'entente entre le ministère de Mme Courchesne (MRCI) et la Fédération CJA, un organisme qui chapeaute 22 groupes communautaires juifs, qu'a révélé Le Devoir hier, stipule noir sur blanc que le mandat de la Fédération CJA ne se limitera pas à faire la promotion du Québec comme terre d'accueil. Si l'entente est signée comme prévu d'ici quelques semaines, l'organisme mènera à bien les activités «en matière de promotion à l'étranger, de recrutement et de référence de candidats», et ce, de façon précise auprès de la communauté juive en Argentine, en Uruguay et au Brésil.

Depuis 1992, le gouvernement a collaboré avec des représentants de diverses communautés culturelles (Service d'aide aux immigrants chinois, Focus assistance humanitaire Canada, entre autres). Jusque-là, il s'agissait d'abord et avant tout d'ententes concernant l'accueil, l'intégration et le soutien financier de nouveaux arrivants. «Cette entente n'est pas encore signée», a souligné à quelques reprises Mme Courchesne au cours d'un entretien téléphonique.

À la Fédération CJA, qui a déjà signé des ententes avec le MRCI en 1994 et 1996, on reconnaît que, cette fois, on va un peu plus loin. «Mais on n'assume aucune des obligations du gouvernement pour ce qui est de la sélection. On est là pour promouvoir le Québec et aider les juifs dans le processus d'immigration», a affirmé Bram Freedman, directeur de l'administration et des initiatives stratégiques à la Fédération CJA.

Le président de l'organisme, Sylvain Abitbol, abonde dans ce sens. «Il est évident qu'on va s'occuper des dossiers émanant de la communauté juive, mais on ne va imposer aucun candidat au gouvernement. C'est lui qui prend la décision finale et qui fera la sélection indépendamment du critère religieux», a expliqué M. Abitbol.

Le député péquiste André Boulerice, critique en matière d'immigration pour l'opposition officielle, dit ne pas avoir d'objection. «Il faut être prudent et ne pas sombrer dans l'antisémitisme», a-t-il prévenu.

Pour Rivka Augenfeld, présidente de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes, la situation nécessite surtout qu'on se préoccupe d'équité dans la sélection des candidats. «Les bons services ne doivent pas dépendre des moyens des organismes communautaires. Si certains peuvent faire de la promotion à l'étranger, je n'ai rien contre ça, mais ça ne doit pas être au détriment d'autres candidats potentiels», a commenté Mme Augenfeld.

L'année dernière, la Fédération CJA a amassé 43 millions de dollars pour ses oeuvres philanthropiques (somme de laquelle il faut soustraire 8,4 % de frais administratifs), dont 36 % ont été dirigés outre-mer, principalement en Israël, 6 % ont été donnés à l'Union des fédérations juives du Canada pour des programmes pancanadiens et 58 % ont été investis à Montréal.

Sylvain Abitbol a refusé d'indiquer le coût des opérations de recrutement en Amérique latine. Depuis septembre, l'organisme a ouvert un bureau permanent en Argentine et a embauché une Argentine pour entamer le travail. La ministre Courchesne a donné l'assurance que les services d'immigration du Québec sur place seront maintenus.

Les discussions en vue de conclure une entente ont démarré dès après les élections d'avril. Les dirigeants de la Fédération CJA sont des figures connues des libéraux. Sylvain Abitbol a contribué à la caisse électorale du PLQ en 2002 pour une somme de 1000 $. Les deux années précédentes, il avait versé le maximum permis, soit 3000 $ chaque fois. Son prédécesseur à la présidence de l'organisme, Steven Cummings, est également un donateur généreux. Il a fait un don de 3000 $ au PLQ lors de chacune des trois dernières années. De plus, M. Cummings a été nommé par le conseil des ministres, mercredi dernier, au conseil d'administration de la Caisse de dépôt et placement pour un mandat de trois ans.

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