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Canada : « La fin de l’immigration » ou le retour de l’exploitation ?

Petsa

2013-07-13

May-akda

Julie Chaudler

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Yabiladi.com

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Le Canada est souvent perçu comme l’un des pays à la politique migratoire la plus juste et généreuses, mais depuis 2002, la possibilité ouverte pour les entreprises canadiennes de recruter des ‘travailleurs étrangers temporaires’ en dehors du système national a totalement changé la donne. Les immigrés se retrouvent coincés dans un système où ils n’ont aucun droit, révèle le documentaire « La fin de l’immigration ? » de Marie Boti et Malcom Guy.

Le Canada est en train de privatiser sa politique migratoire, révèle le documentaire de Marie Boti et Malcom Guy « La fin de l’immigration ? », diffusée le 28 juin, sur Radio Canada et le 15 juillet dans le cadre du Cinéma sous les étoiles, à Montréal. Pays réputé généreux avec les migrants qu’il accepte sur son territoire, le Canada a très discrètement, mais très profondément modifié son rapport à la migration. Derrière le système classique par lequel n’importe quel étranger peut solliciter le droit d’immigrer au Canada, se place un système d’importation temporaire de main d’œuvre étrangère initié directement par les sociétés canadiennes en fonction de leurs besoins.

En 2011, le Canada comptait 571 Marocains, parmi les 190 000 travailleurs étrangers temporaires cette année là. En 2012, le total a augmenté à 213 500 travailleurs étrangers temporaires. Depuis 2009, leur nombre est supérieur aux nombre d’immigrants entrés au Canada par le système classique gouvernemental. Ils sont parrainés par des provinces et ils vont directement travailler dans des usines, des abattoirs industriels ... « Ce sont les employeurs qui font les dossiers ; pour les permis temporaires, le gouvernement ne fait que tamponner », indique Hélène Pellerin, professeure à l’université d’Ottawa, spécialiste du rôle des diasporas dans l’économie mondiale.

Prêt à tout pour travailler

Le documentaire de Marie Boti et Malcom Guy révèle de quelle façon ce système s’est formé au détriment des migrants. Des bureaux de recrutement, installés dans les pays de d’émigration, sélectionnent les candidats pour les sociétés canadiennes qui demandent des travailleurs étrangers temporaires. Un entretien d’embauche édifiant d’un Philippin, pour le compte de Mc Donald's, a été filmé par les deux réalisateurs. Les recruteurs demandent au candidat quelle serait sa réaction si sa famille se retrouvait dans une situation si grave qu’il soit question de vie ou de mort. Celui-ci, pour obtenir le poste, se retrouve dans l’obligation d’expliquer à plusieurs reprises qu’il choisirait de rester travailler au Canada pour Mc Donald's plutôt que de revenir aider sa famille.

Ce n’est qu’au terme de ce type d’entretien d’embauche où le candidat doit prouver qu’il est prêt à tout pour le poste, qu’il se voit délivré un Avis relatif au Marché du Travail (AMT) nécessaire pour émigrer. Plusieurs témoignages révèlent que les Philippins paient 5000 à 6000 dollars à l’agence de recrutement, voire paient également leur billet d’avion, pour obtenir un AMT, alors que la loi exige que tous les frais soient pris en charge par la société canadienne qui recrute.

L’AMT est une sorte de contrat à durée déterminée qui contraint le travailleur à travailler exclusivement pour la société qui l’a recruté et fait venir au Canada. Il ne lui offre en aucun cas la possibilité de devenir résident permanent au Canada contrairement aux autres formes d’immigration. Au terme de son contrat, l’immigrant doit soit trouver une nouvelle société qui accepte de lui délivrer un AMT, soit partir, sans quoi il se retrouve en situation irrégulière. De telles conditions mettent l’immigré dans une situation de totale dépendance vis-à-vis de son employeur qui peut exiger de lui des heures supplémentaires non payées, de le voir travailler même lorsqu’il est malade, de lui louer un appartement au dessus de son prix réel... montre le documentaire.
« Le plus en douceur possible ».

Pour Thomas Lukaszuk, ministre du travail et de l’immigration, interrogé par les deux réalisateurs, le problème semble ailleurs. « Notre travail comme gouvernement est de nous assurer que cela se passe le plus en douceur possible pour les employeurs afin que le temps d’attente ne soit pas long, qu’ils puissent trouver des travailleurs aussitôt qu’ils en ont besoin », expliquait-il alors. C’est, encore aujourd’hui, la troisième préoccupation du gouvernement dans son projet de réforme du programme des travailleurs étrangers temporaires. La première consiste à garantir la préférence nationale aux Canadiens dans le cadre de ces recrutements et la seconde à protéger les travailleurs étrangers temporaires.

Objectif, que les institutions Citoyenneté et Immigration Canada (CIC) et Ressources Humaines et Développement des Compétences Canada disposent « de nouveaux pouvoirs les habilitant à vérifier si l’employeur respecte les exigences du Programme après que le permis de travail a été délivré et pendant que le Travailleur Etranger Temporaire se trouve toujours au pays », indique le gouvernement sur le site du CIC.

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